L'Image dans le tapis
Dans tous les récits de Henry James, il y a une présence invisible et inquiétante. Pourtant il ne s'agit pas toujours d'un fantôme. Il peut s'agir d'une présence plus terrible, plus déroutante et plus évanescente. Il peut s'agir d'un secret qui expliquerait tout et que, l'un après l'autre, chaque dépositaire emporte avec lui dans la tombe. C'est le cas de L'Image dans le tapis qui est construit comme un roman policier dont le coupable se révèle être l'enquêteur lui-même, le malheureux narrateur, coupable d'être le seul sur la piste de cette mystérieuse présence et le seul à ne pas trouver, coupable de laisser le crime s'accomplir et mourir les témoins, coupable enfin de faire d'une oeuvre littéraire le coeur de son existence. Avant de commencer son enquête, il a pourtant reçu une sérieuse mise en garde de la bouche même de l'écrivain qu'il admire : «Sachez que si ma grande affaire est un secret, c'est seulement parce que ce secret est né malgré lui par le fait même de cet événement extraordinaire qu'il reste incompris. Non seulement je n'ai pas fait le moindre effort dans ce but mais je n'avais même pas imaginé que cela arriverait. Sinon, je n'aurais pas eu le coeur de continuer. En réalité je n'en ai pris conscience qu'au fur et à mesure...» Malgré cet aveu de sagesse et d'humilité, le narrateur part en quête de ce mystérieux secret qui fait qu'un homme écrit sans connaître la raison profonde qui l'y pousse.