Liberté pour l'histoire
La vérité officielle, voilà l'ennemi ! On ne légifère pas sur la liberté de penser. Et quand la loi édicte une vérité officielle, les historiens disent non. Loi Gayssot, loi Taubira sur la traite et l'esclavage, projets de loi sur le rôle « positif » de la colonisation ou sur la reconnaissance du génocide arménien... La concurrence mémorielle tend à déchirer le corps social et à dresser les victimes de l'histoire les unes contre les autres. Par moralisme et désir de se mettre à l'abri de tout reproche, nos politiques ont ouvert la voie à des demandes successives de pénalisation et à la sanctuarisation des mémoires particulières.
S'exprimant au nom de l'association « Liberté pour l'histoire », Françoise Chandernagor et Pierre Nora lancent un cri d'alarme. Gare à la criminalisation générale du passé ! Le devoir des politiques est d'assurer l'avenir de la nation, non de fixer en dogmes son histoire. Le pouvoir ne saurait régler, encore moins arrêter, les perpétuels réaménagements de la conscience collective, le travail de la mémoire, le dialogue continué avec le passé qui est indissociable de l'exercice des libertés publiques. Une charge sans concession contre le déferlement des « lois mémorielles » et les pressions idéologiques qui menacent la liberté des historiens.