Pour Malaparte
A quinze ans, il combat aux côtés des troupes françaises contre l'Allemagne. A quarante, correspondant de guerre sur le front russe, il rédige Kaputt, l'un des romans les plus hallucinés jamais écrits sur les horreurs nazies. Il passe du socialisme au fascisme avant de devenir un farouche opposant de Mussolini, qui le relègue à Lipari, et de se convertir sur le tard au maoïsme. Mais entre-temps il termine Technique du coup d'Etat, un livre implacable qui a pour sujet la dictature. En matière de mégalomanie, il ne craint personne. Il intitule un recueil de nouvelles Une femme comme moi, et trouvant l'idée bonne répète à tout propos : un livre comme moi, un chien comme moi, une maison comme moi ! Cette maison, d'ailleurs, il la crée dans un site de rêve, à Capri. Godard y tournera Le Mépris avec Michel Piccoli, Brigitte Bardot et Fritz Lang. On l'aura compris : Malaparte, mort il y a juste un demi-siècle, est le meilleur personnage de son œuvre - une œuvre inquiétante, crépusculaire, drôle et désespérée. Feuilletant le vaste roman de sa vie, Bruno Tessarech lui rend un émouvant hommage.