Les dessins de Guillaume Apollinaire
Tout le monde connaît les poèmes et les calligrammes de Guillaume Apollinaire. Mais sait-on que cet homme, fervent partisan de l'art moderne et de ses amis Picasso, Picabia, Duchamp, Larionov et autres, a toujours dessiné, au point d'avoir longtemps cherché une signature ?
Dès son jeune âge, il remplit des pages de ses cahiers de visages humains dont on peut soupçonner qu'ils correspondent à des personnages familiers. De face comme de profil, ils sont le plus souvent tristes ou grotesques. Il dessine des portraits, des paysages, et puis un bestiaire et des dessins imaginaires, avant de représenter sa vie de soldat dans les tranchées. Comme toujours, avec les dessins d'écrivain, naît une curiosité redoublée par le sentiment d'approcher l'oeuvre poétique, de mieux la décrypter pour la goûter. Ces dessins sont toujours exécutés sans prétention ; ils se faufilent dans les manuscrits et mettent le lecteur en situation d'explorateur.
En effet, nous assistons presque miraculeusement à l'émergence de l'inspiration. C'est tout le charme du dessin en marge ou dans le texte du manuscrit. Ce livre présenté et commenté par deux grands spécialistes d'Apollinaire montre donc pour la première fois une facette presque exhaustive de l'oeuvre protéiforme d'Apollinaire: poète, critique d'art, romancier, auteur de nouvelles extraordinaires, amateur de textes érotiques, engagé volontaire dans la Grande Guerre _ qui lui permit d'obtenir la naturalisation française. On savait tout, ou presque, de Guillaume de Kostrowitzky, que ses amis surnommaient " Cointreau-whisky " ; on ignorait la complexité de son oeuvre graphique.