Larmes blanches
Au Nord de l'Écosse, au fond d'un loch protégé des fureurs de l'Atlantique, dans les eaux paisibles d'un petit port de pêche, Etienne Mouzon aperçoit au matin le corps d'un homme à demi dévoré par des goélands affamés. Sur le périf parisien, un camion frigorifique renverse accidentellement sa cargaison de frais. Bruno, un SDF, remplit son sac des vingt kilos de cocaïne qu'il découvre sous les amas de poissons épars. Sous la mer rôde un monstre marin chargé de mort, un léviathan de ferraille, un sous-marin d'autrefois, sournois comme le destin d'aujourd'hui. Et qui va répandre le malheur telle une traînée de poudre. Pour Etienne, quinqua désabusé, débute une longue descente aux enfers de deuils et de vengeances. Pour Bruno, quinqua déjà usé, débute une courte vie de paradis artificiels et de promesses d'enrichissement rapide. Bruno le vieux zonard, Étienne l'ex-taulard et Alfred, le policier écossais idéaliste, sont les fruits d'une époque bercée par les mêmes illusions. Flic, anar ou baba, chacun est, à sa façon, l'enfant de la même génération perdue, nourri au lait des mirages libertaires des années soixante-dix. Les drames se trament en loucedé, le fatum avance à couvert. Chacun vit et meurt dans une réalité d'apparence. Etienne et Alfred solderont leur compte, comme on se libère du passé.