Les dieux ne songent qu'à dormir
" J'avais vingt-quatre ans. J'aimais mon père, mon chat, ma petite amie, Lénine, John Wayne et Stendhal. Je me donnais l'illusion d'être malheureux tout en sachant que j'étais un privilégié parmi les privilégiés. C'était ma deuxième année sabbatique depuis la fin de mes études ; mon père pensait qu'il était peut-être temps que je travaille. Je n'étais pas paresseux mais travailler signifiait pour moi entrer dans un monde où il me faudrait respecter l'ordre établi. Un monde où il me faudrait transiger, un monde où je ne pensais pas avoir ma place.
Certains naissent avec un don pour la musique ou la peinture, ma vie n'avait été jusqu'à présent qu'un vaste chantier de choses manquées, à moitié faites, faites et défaites, prises et reprises, vomies, jamais digérées, abandonnées, retrouvées et perdues à nouveau. Je voulais devenir quelqu'un mais je ne savais pas qui... A vingt-quatre ans je n'étais qu'un gigantesque point d'interrogation. Il était temps que je me réveille. "