Martine fait du sentiment
Qui se souvient des années quatre-vingt ? Voici les aventures de Martine, trente ans, reporter sans conviction dans un magazine tout nouveau, qui se veut décalé. Martine fait du shopping. Martine aime. Martine fait du reportage. Gravitent autour d'elle un jeune métis dandy et mythomane, un patron de presse exalté et sophiste, des parents fantoches, une assistante adepte du new age et même un dirigeant communiste sincère. Martine travaille, un peu. Martine aime. Martine téléphone. Yves Montand, Alain Minc, Azzedine Alaïa sont de la partie. Martine fait du sport. Martine aime. Martine est méchante. Le petit univers journalistique, avec ses personnages inconsistants et manipulateurs, résume un monde plus vaste, désolé et sans amour, que subit et exploite l'héroïne, on s'y croise, on s'y rate. Journaliste naïve et roublarde à laquelle on prête le don d'impertinence, Martine est incapable d'écrire des lettres d'amour. La dérision lui tient lieu de talent. Son père est un cavaleur immature, sa mère une vieille petite fille. Martine va à un enterrement. Martine lit. Martine aime ? Froide et sentimentale, soumise à des flux d'émotions, elle est incapable d'aimer. L'amour, c'est autre chose, qu'elle devine seulement. Martine souffre d'une maladie très contemporaine : la sécheresse de coeur chronique. Dans ce récit acide, Marie-Dominique Lelièvre capte, d'une plume profondément juste et drôle, la vérité d'un personnage d'aujourd'hui.