L'accompagnatrice
Pétersbourg, 1919. La neige. Le silence. Le froid et la faim. Les pieds qu'on n'a pas lavés depuis un mois. Les fenêtres bouchées avec des chiffons... J'entre dans l'immeuble. Il fait chaud ! Des tapis, des rideaux, un coffret de cigarettes précieuses. Un chat bleu fumé. Et une femme. Belle, grande, robuste. Des cheveux noirs bien coiffés. Le visage rond et beau, les yeux noirs. Tout en elle dit l'équilibre mystérieux, beau et triomphant. Elle chante et je serai son accompagnatrice. C'est cette vie que je vais m'acharner à détruire. Parce qu'elle est belle, talentueuse, et que je ne suis rien. Parce qu'elle est forte et qu'elle rayonne. Parce qu'elle m'aime et que, moi, je ne comprends même pas ce que cela veut dire.