Mélancolie vandale : Roman rose
2010. Dans Berlin réunifiée, Kornelia Sumpf, cinquante-trois ans, interprète de son état, fille d'un fervent communiste et ancien employé de la Stasi au temps de la RDA, traverse dans les deux sens un Mur qui n'existe plus depuis vingt ans, en proie à des nostalgie bancales et à des désirs désordonnés, entre sexe de la dernière chance et douteuses extases matérielles.
Femme de devoir, au sourire immuable mais dont la jeunesse s'enfuit inexorablement, Kornelia, qui souffre, entre autres maux, de ne pas avoir l'amour de l'argent, porte sur les mutations du monde qui l'entoure un regard aussi perplexe qu'exalté. Victime du vol de son vélo, c'est sous un ciel de neige qu'elle poursuit un trivial chemin de croix, et dans les décors fantastiques de cette ville immense qu'elle tente de réconcilier en elle les mythologies de la défunte RDA avec les contradictions de l'Allemagne nouvelle où le marché s'emploie, d'expéditive manière, à liquider une Histoire prétendument maudite.
A travers l'héroïne de son « roman rose » naufrageant sur les rives du temps, entre un passé et un futur également improbables, Jean-Yves Cendrey rend un hommage aussi halluciné que drolatique à une ville-symbole, désormais livrée aux promoteurs mais où l'utopie tente de prendre ses quartiers.