La Destruction du Parthénon
Un homme a fait sauter le Parthénon, symbole honni de l'impossibilité de la Grèce à aller de l'avant, tendue qu'elle est vers la glorification d'un passé antique. Une réflexion aussi profonde qu'iconoclaste sur une certaine schizophrénie non dénuée de souffrance de la Grèce contemporaine.
Certains l'ont observé à plusieurs reprises, quand il montait au sommet de la ville et tournait autour du chef-d'oeuvre, s'asseyait dans son ombre ou le regardait bravement, comme pour se mesurer à lui. Mais aucun ne s'attendait à l'inconcevable : cet homme a posé une charge de plastic qui a détruit le monument à jamais.
Détruire le Parthénon, ce n'est pas seulement détruire un édifice de marbre vieux de vingt-cinq siècles, c'est surtout s'attaquer à un symbole. Symbole de la Grèce telle qu'elle est, ou de la Grèce telle qu'elle se fantasme ?
Au fil de l'enquête apparaît un précédent : un certain Yorgos V. Makris, écrivain grec proche des surréalistes français, avait naguère appelé de ses voeux cette mise à bas. Provocation ? canular ? ou sentiment d'une nécessité vitale pour que le pays s'observe tel qu'il est et s'invente enfin librement ? Plusieurs voix se croisent, faisant entendre leur consternation, leur indifférence ou leur fanatisme. Mais ce roman atypique propose d'autres points de vue : archives médiatiques, documents d'époque, rapport de police, photos composent ensemble un texte aux entrées multiples, riche et complexe dans les réponses qu'il prétend apporter mais plus encore dans les questions qu'il suscite.
Parce que l'art est à la fois création, continuité et destruction, l'auteur relaie par la fiction l'appel d'un de ses aînés et arme un personnage imaginaire pour donner à ses contemporains matière à une réflexion aussi profonde qu'iconoclaste sur une certaine schizophrénie de la Grèce contemporaine.