Le singe noir
Le Singe noir - le singe noir désignant un jouet d'enfant -, est à la fois un drame psychologique et un thriller politique raconté à la première personne. Un jeune journaliste est envoyé par sa rédaction en reportage dans un laboratoire ultrasecret où l'on étudie le phénomène des enfants meurtriers. Ce journaliste, écrivain par ailleurs, est à un moment de sa vie où tout bascule. Le milieu professionnel dans lequel il évolue est particulièrement glauque ; il est marié, père d'une fille et d'un garçon, mais sa vie conjugale est un naufrage ; ses jumeaux, aussi innocents, attendrissants, émouvants et drôles soient-ils, accaparent toute son attention et l'empêchent d'entretenir comme il l'entend une relation stable avec sa maîtresse, sensuelle et farouche ; pour finir il tourne autour d'une prostituée qui ressemble étonnamment à son épouse et qu'il rencontre près de la place des Trois-Gares, quartier de Moscou on ne peut plus mal famé. Cette enquête sur les enfants assassins lui fournissant un matériau de première main pour son prochain livre, autant que la possibilité de fuir le domicile conjugal, il s'y lance à corps perdu et accumule le plus de documentation possible. Grâce à Internet, il découvre qu'un jour, les habitants de toute une maison ont été massacrés par des préados. Il entre alors en relation avec un certain Charov, proche du pouvoir, ainsi que des médecins et des policiers, tous en charge de ce troublant phénomène. On lui raconte, bien entendu, l'histoire de ces bandes d'enfants qui, au Moyen Age, se ruaient par vagues sur les villes où ils massacraient tout ce qui bougeait, et puis bien sûr, on lui parle de ces enfants-soldats d'Afrique, ces machines à tuer de sept, huit, neuf ans, armés de kalachnikov et capables des pires horreurs. A quoi viennent s'ajoutent ses propres souvenirs d'enfance et de service militaire. Au cours de cette enquête, les événements vont s'accélérer dans sa vie privée : sa femme quitte le domicile conjugal avec sa progéniture, ses relations avec sa maîtresse se dégradent, la prostituée est assassinée, laissant un fils en bas âge que le journaliste veut adopter. Cette accumulation de faits troublants, de rebondissements feuilletonesques, finissent par distiller le doute. Comme dans le célèbre apologue chinois des Fleurs bleues de Raymond Queneau (Tchouang-tseu rêve qu'il est papillon, mais n'est-ce point le papillon qui rêve qu'il est Tchouang-tseu ?), on finit par se demander si toute cette histoire, n'est pas le fruit de l'imagination malade du narrateur. Reste un trouble profond : et si même les enfants que l'on croyait innocents sont habités par le Mal, alors où va le monde ?