Un juif en cavale
Temporairement revenu des angoisses d’un exil complètement à l’Ouest sous le ciel mauve de Vancouver (Loin de quoi ?) et miraculeusement réchappé d’une rocambolesque prise d’otages parisienne (La Métaphysique du horsjeu), le “juif impossible” Simon Sagalovitsch atterrit à Tel-Aviv où l’attend sa pire épreuve : vivre parmi les siens.
Pessimisme et mauvaise foi en bandoulière, Monika (sa sémillante Batave) au bras, notre sombre héros aborde les rivages de la maturité en se confrontant aux contradictions de la Terre promise – qui valent bien les siennes. Trimballant son atavique mélancolie, son single malt et ses anxiolytiques sur les plages alanguies de Jaffa, le voilà qui contre toute attente cède aux charmes de l’improbable dolce vita israélienne, bon voisinage et honnête football amateur, et renoue le dialogue, non seulement avec son prochain, mais aussi avec l’Autre Empoté dont l’assourdissant silence pendant la Shoah n’a pourtant jamais cessé de le hanter.
Dernier round bravache et doux-amer où Sagalovitsch (auteur et personnage) laisse affleurer sa récalcitrante tendresse pour ses frères humains, Un juif en cavale a le goût unique des adieux annoncés, des joies tristes et des blessures apprivoisées. Et l’élégance des comédies désinvoltes. Drôle et fatal.