Le Froid
Filippov, le narrateur, metteur en scène de renom, avait prévenu : “Pour courir dans une ville gelée où, par – 40, l’électricité et le chauffage ont été coupés sans crier gare pour une durée indéterminée, il vaut mieux être accompagné d’un gros chien. Ainsi vous ne vous sentez plus comme un grain de sable inutile dans l’océan, vous n’êtes plus une chaise vide, une banalité, vous n’êtes plus une phrase ravalée dans une discussion insipide. Au contraire, vous êtes fougueux et volontaire. Vous avancez fièrement à l’appel de votre destin et même si vous êtes minuscule comme un grain de sable, au moins vous êtes libre dans vos aspirations. Ceux d’entre vous qui ne sont pas indisposés par de telles métaphores peuvent se comparer à un spermatozoïde… Vous ne courez pas, vous volez au-dessus de la ville comme la fiancée dans le tableau de Chagall...”
Et c’est ainsi qu’on se retrouve embarqué dans une histoire open bar complètement foutraque menée par un Guelassimov qui, à défaut du froid, nous fait découvrir le zapoï – technique russe qui consiste non pas à boire du bout des lèvres mais à s’assommer jusqu’à perdre conscience.
Un fameux cocktail : un zeste de Lewis Carroll et de Jim Jarmusch, un soupçon de Gogol, une pincée de Tchekhov, un doigt de Boulgakov, une dose de Moscou-sur-Vodka de Vénédict Erofeiev.
À consommer sans modération !