Mémoires d'Etat et culture politique en France (XVIe-XIXe siècles)
Apparus à l'orée des temps modernes avec la monarchie centralisée, comme en témoigne l'œuvre fondatrice de Commynes, les mémoires d'Ancien Régime en France traduisent une poussée décisive de l'individualisme, annonciateur de temps nouveaux, de même qu'ils portent en germe la désacralisation irréversible du politique. Face à tous les pouvoirs institués, face à l'Histoire officielle, ils affirment les droits de la conscience individuelle comme ils attestent des débuts du règne de l'opinion. Grands serviteurs de la monarchie (diplomates, ministres, juristes, hommes de guerre, mais aussi étrangers au service du roi ou en visite diplomatique), les auteurs de mémoires d'Etat regardent la politique du royaume avec une liberté qu'encourage la confidentialité de leur écriture. Dans la " forêt " inépuisable des mémoires d'Etat en France, de Commynes à Chateaubriand, littéraires et historiens, de France et de l'étranger, ont ici scruté seize mémoires d'Etat, qui tous témoignent au travers d'une expérience vécue au service de la monarchie, d'un regard original et critique, souvent insolent, sur la politique royale et ses hommes, regard éclairé aussi par une culture politique. D'une génération à l'autre, ce sont des tempéraments politiques qui s'affirment, avec leurs exigences morales et sociales, dessinant des constantes dans la sensibilité politique française. A côté de mémorialistes bien connus (Commynes, Retz, Chateaubriand), sont ici analysés des mémorialistes peu étudiés, mais hautement révélateurs (de Thou, Bassompierre, Mme de Boigne, etc.), ainsi que des textes jusqu'ici négligés (le maréchal d'Estrées, Brienne, Talon, Pomponne, d'Argenson, Choiseul, Saint-Germain, Dumouriez) sans oublier quelques étrangers du temps où " L'Europe parlait français " (Spanheim, le baron de Tott).
Ce volume réunit les travaux du Groupe de recherche sur les Mémoires d'Ancien Régime de l'Université de Nantes.