Conversations avec Henri Michaux
Ce livre, hommage au grand déplaceur que fut Michaux, devait être le recueil des actes d'un colloque. Il est devenu quelque chose d'autre, quelque chose au-delà, par la force des choses - force des choses qui se sont passées et déplacées, durant dix jours, à La Roche-sur-Yon, en décembre 2007.
Comme si le titre de l'ensemble de la manifestation, Conversations avec les morts - Henri Michaux avait pris forme, volume, densité. Les textes qui suivent rendent compte d'un programme dense qui, à l'initiative de la Scène nationale Le grand R et du CREC [centre de recherche éducation-cultures, équipe de recherches en sciences humaines de l'IUT de La Roche-sur-Yon (Université de Nantes)], et suite à une première " Conversation " avec Marina Tsvetaeva en janvier 2006 à la Maison Gueffier, rendit compte de la multiplicité d'Henri Michaux et de son oeuvre : exposition de peintures à l'Artothèque de la Médiathèque Benjamin Rabier, journée d'études universitaires (" Henri Michaux et la peinture, le franchissement du détroit "), lecture-performance de textes de Michaux par François Bon, ateliers d'écriture michaldiens par François Bon ou l'équipe de la Maison Gueffier, programmation de danse (" abécédaire " de Fabrice Lambert au Manège), lectures de Michaux et de textes inédits (innervés de son oeuvre) par les auteurs invités...
Ce qui demeure à souligner, c'est à quel point chacun des intervenants, des participants, public et invités, s'est déplacé. Entre les frottages et toiles exposées, entre les stases et sprints de la danse de Fabrice Lambert, entre les ombres entre les lignes : en témoignent au plus haut les écarts de conduite de ce colloque, voué initialement à parler du Michaux peintre, et qui s'attarda sur le Michaux musicien, le Michaux danseur, suite de paroles chaleureuses courant après l'insaisissable Henri.
En témoignent encore les fabriques oratoires des auteurs invités, nommées Exercices critiques comme par défaut, titre qui pourtant dit la lecture singulière, forcément singulière, que des auteurs d'Ici et Maintenant font de cette oeuvre, dit aussi l'effort physique que constitue la lecture à haute voix des phrases, obliques telles des pierres bondissant, d'Henri Michaux. En attestent au final les pages imprimées dans ce livre, traces de ces déplacements multiples, continuation imprimée des Conversations avec ce mort bien vivant.