L'énigme Otto Weininger
Le jeune philosophe viennois Otto Weininger se suicide en octobre 1903, âgé de 23 ans. Il vient de faire paraître un brûlot, Sexe et Caractère, qui restera un succès de librairie pendant deux décennies, avec 36 rééditions jusqu'en 1925.
Sigmund Freud le considérera comme un génie. Ludwig Wittgenstein le tiendra en grande estime, tout comme Karl Kraus, stephan Zweig, Robert musil, James Joyce, Franz Kafka, Georges Bataille ou encore Emil Cioran.
Malgré tous les hommages qu'il a reçus, Weininger est quasiment inconnu en France.
Est-il si difficile d'aborder et de comprendre le foisonnement intellectuel et artistique qu'a connu Vienne avant l'effondrement de l'empire austro-hongrois ? Le caractère antisémite et antiféministe de son oeuvre le rend-il toujours aussi infréquentable ?
Certes, la brièveté de son existence et la radicalité de ses positions ne plaident pas pour une approche nuancée du personnage.
En fait, la renommée d'Otto Weininger, ici resituée dans son contexte, a été occultée par l'aura internationale que Freud a eu le temps de construire jusqu'en 1939.
Pourtant, à son grand étonnement, jusqu'au seuil de la mort, certains de ses visiteurs lui poseront des questions sur les relations directes ou indirectes qu'il a eues avec cette étoile filante de la nuit viennoise.
Tous deux se sont attaqués aux mêmes questions dans une période marquée par de profonds bouleversements. C'est ce qui explique que la bisexualité, la femme et l'homme face à leurs rôles respectifs et, plus généralement encore, les multiples éléments qui constituent l'identité de chacun sont des sujets qui résonnent toujours dans notre actualité.