Haïti, en lettres et en images
Haïti, pays réel. Janvier 2012, après 10h30 de vol, entrecoupées d'une escale de 2 heures en Guadeloupe, je pose pied en Haïti quelques jours à peine après la célébration - quel vilain mot - du 12 janvier 2010, date à laquelle le pays a été frappé par un séisme terrifiant, tuant près de 300 000 personnes, le mettant à terre. Haïti à terre-? Port-au-Prince à terre. Les blessures - que dis-je - !, les meurtrissures se découvrent dès l'atterrissage de l'avion. L'aérogare est fermé, le passage se fait par un hangar à l'équipement sommaire mais fonctionnel, les formalités vite accomplies, et voici le visiteur happé par la moiteur et le grouillement des chauffeurs de taxis et autres porteurs. Il est 18 h 30, soit minuit trente en France puisque le décalage horaire est de six heures. Tant mieux, arriver dans la même journée est moins stressant. Dans une cacophonie extrême, je m'installe dans une voiture louée par l'équipe d'Étonnants Voyageurs, arrivée par le même vol que moi. Bienveillantes, Mélani Le Bris, directrice d'Étonnants Voyageurs, Agathe du Bouaÿs et Isabelle Paris s'occupent de moi avec amitié. Le véhicule s'ébranle vers la capitale. La nuit est tombée et la terre blessée se révèle dans les soubresauts de la voiture. Routes défoncées, craquelées, encombrées, détours continuels et slaloms sur le bitume fantôme. Tous quatre nous n'en menons pas large. Je plaisante à propos des kidnappings : « Le chauffeur nous emmène dans un coupe-gorge pour exiger des rançons. Moi, je serai relâché car je ne leur rapporterai rien. »