Vies birmanes
Birmanie, pays de paradoxes où l'autoritarisme côtoie la spiritualité. Les Birmans prient Bouddha avec une dévotion profonde et l'atmosphère en est imprégnée, refuge ou rempart contre les contraintes politiques et la misère. Lucide et patient, le peuple ne baisse pas la tête.
Subtilité, beauté et grâce s'offrent aux regards dans les gestes les plus simples : allure altière et teint d'ivoire des femmes birmanes, silhouettes graciles lourdement chargées de plateaux en équilibre sur la tête, costumes traditionnels aux broderies multicolores des ethnies montagnardes, regards pétillants des enfants rieurs aux pommettes enduites de thanaka et hommes aux longyi noués sur les hanches, mâchant du bétel, tous émouvants dans leur extrême gentillesse.
Contemplation devant les fines pirogues du lac Inlé suspendues dans un univers gris argenté sans limites où le ciel et l'eau se confondent quand le silence de l'aube invite à la méditation.
Emerveillement devant les délicats graphismes éphémères des reflets de maisons perchées sur des bambous telles des échassiers. Fascination exercée par les pagodes de Bagan dans la poussière d'or du couchant.
Impermanence des êtres et des choses où seuls les innombrables temples dégoulinants de feuilles d'or sont éternels ainsi que les prières montant des monastères. « Tout est souffrance, rien n'est durable, seul le Nirvâna nous arrachera au cercle vicieux de la vie ». L'énoncé solennel de ces vérités bouddhiques au cours de l'ordination des moines régit l'attitude de tout un peuple.
Répondant au visage apaisé du Bouddha, c'est peut-être ce qu'exprime l'inaltérable sourire des Birmans : le mystère de la sérénité. Voyager en Birmanie, c'est voyager dans le temps. pour un temps encore ! Ce pays coupé du monde de longues années s'entrouvre enfin et change à toute allure.