L'enlèvement des Sabines
Lorsque Sabine démissionne, ses collègues lui offrent une Real Doll comme cadeau de départ (le modèle se prénomme Sabine). Consciencieuse et effacée, Sabine est décontenancée par ce cadeau. Dans le train qui la ramène chez elle, elle est assise à coté de la poupée aux seins démesurés, au visage poupin tout droit sorti d'un manga. Des jeunes l'abordent. La situation dégénère. Ils agressent sexuellement la poupée. Sabine est terrorisée.
Une liaison intense va naître entre la jeune femme et sa poupée. Sabine va se livrer comme elle ne s'était jamais livrée. Elle n'a jamais pu avoir d'enfant (au désespoir de sa mère, personnage égoïste, obnubilé par son corps) et vit en couple avec Hans, un metteur en scène (une sorte de Thomas Ostermeier) mondialement connu pour ses mises en scènes ultra réalistes et violentes, dont toute la critique, dithyrambique, prétend qu'elles sont une dénonciation de la violence (alors qu'il est en réalité fasciné par la domination masculine). Dans le temps du roman, Hans met en scène Viol de Botho Strauss, harcelant moralement ses comédiens. On découvre un monstre. Un monstre avec ses comédiens, un monstre avec sa femme. Mais un monstre protégé par son charme, son succès et sa réputation de créateur génial. Plus Sabine se confie à sa poupée, plus la poupée devient humaine, plus Sabine se libère de l'emprise de Hans, mais c'est une libération aux confins de la folie et du meurtre.
L'Enlèvement des Sabines évoque la violence originelle, le viol comme instrument de pouvoir et la façon dont les femmes rusent pour déjouer la violence des hommes.