De la servitude volontaire: Pertinence du Contr'un de La Boétie
La Boétie a dix-sept quand l’essoufflement d’un mouvement populaire avec lequel il sympathise l’amène à s’interroger sur les raisons de ce qui ressemble à un reniement de l’aspiration à la justice et à la liberté, pire, à une sorte de « servitude volontaire ». Armé d’encre et de philosophie, il tente d’éclairer le sens de cette attitude paradoxale, au cours d’une fulgurante enquête sur le comportement de la liberté humaine et le rapport complexe du peuple au pouvoir.
Bernard Barsotti propose une relecture originale du Discours de la Servitude volontaire, en mettant l’accent sur la force interrogeante du texte, plutôt que sur les réponses que les interprétations les plus variées ont pu y trouver. Ce qui compte, dans le Contr’Un, en plus de l’appel à la révolte politique et économique que les lectures marxistes et libertaires ont reconnu en lui, c’est l’invitation à questionner nos relations avec l’État et avec toutes les instances de domination qui « prennent soin » de nous.
Le Discours est un aiguillon pour la pensée : La Boétie nous pousse moins à identifier les raisons qui justifient la révolte des soumis et des opprimés, qu’à essayer de comprendre pourquoi, de manière récurrente, tant de révoltes avortent.