Vacarme, N° 63, avril-juin 20 :
La question des biens communs travaille Vacarme de façon récurrente. Biens communs matériels (l'eau, l'atmosphère, la mer, la forêt) ou immatériels (le savoir, la connaissance, la langue, l'Internet). En morale comme en philosophie, le bonum communis, selon la formule de Thomas d'Aquin, désigne le bien-être ou le bonheur collectif. Dans le champ de l'économie, il devient le moyen de nous rapprocher de cet horizon. Le concept pris comme une forme de propriété gouvernée collectivement a en effet ouvert de nouvelles pistes de réflexion qui ont valus, à Elinor Ostrom, un prix nobel d'économie en 2009. Il désigne alors bien plus que les biens ou les ressources qu'il qualifie : "Les communs, c’est une ressource plus une communauté plus ses protocoles sociaux et ses valeurs pour gérer les ressources partagées" (David Bollier). C'est à ce titre que ces Communs nous intéressent : comme proposition pragmatique d'organisation collective et de gouvernement de ces biens, comme modalité de collaboration et de coopération, comme outils pour penser une société plus écologique, plus égalitaire, plus juste, plus démocratique. Parce qu'ils échappent à la propriété individuelle, ils sont porteurs d'une critique profonde de l'ordre politique actuel. C'est d'ailleurs peut être ce qui explique que la question peine encore à s'imposer au-delà du discours politique ponctuel dans les programmes des décideurs. Et c'est précisément cet usage politique que nous souhaitons discuter plus avant.
Entretien avec l’historien américain Todd Shepard.
Chantier : Autour d’une mise en scène des Suppliantes d’Irène Bonnaud.