Quelques jours cet été-là
L'homme est beau. Il a le visage long et fin. La tête contraste avec l'aspect légèrement trapu de la silhouette. Il parle plus lentement que les gens du pays, avec un accent traînant. Il ne semble pas pressé de la voir partir. Elle aussi a tout son temps.
Elle demande si elle peut visiter la bibliothèque. " En principe, il faut, pour cela, adresser une lettre à la fondation dont dépend le château ", répond-il. Mais il ajoute aussitôt : "Revenez ce soir et je vous l'ouvrirai ".
Un été, une femme s'installe à Lourmarin où vécut Albert Camus. Pendant la visite du château où séjournait l'écrivain, elle lie connaissance avec le guide. Un personnage étrange, taciturne. II dit s'appeler Martin. Spontanément, elle le surnomme Mersault, un nom qui rappelle le personnage de L'Etranger. Se noue alors une curieuse relation, faite de silence, de partage, de joie parfois, d'amour peut-être. Puis, un jour, Martin disparaît, sans explication. Dans ces pages où se mêlent l'émotion lumineuse de Noces et celle de L'Étranger, Lise Gauvin offre au lecteur une subtile évocation de l'œuvre et de la vie d'Albert Camus.