Ronde séminole
Un Français rencontre à Paris une plantureuse femme noire américaine et se prend pour elle d’un violent désir. Celle-ci, Ninehanka Lokas, en réalité une black Indian séminole de Floride, l’emmène chez elle aux Everglades, lui fait connaître sa famille et découvrir ses marais, tout en lui narrant dans une langue aussi foisonnante que sa chair l’épopée de ses ancêtres, seule tribu invaincue des guerres indiennes.
«On peut bien sauter regarde, tout un océan et redécouvrir ma Floride. Pareil on peut imaginer que la fusion a pas merdé, Cherokees-Nègres et toute la clique. T’aurais dans les quarante millions de métis. » L’ébattement des corps s’invite souvent dans le récit, montrant que si l’amour peut être fusionnel, l’écriture peut l’être aussi. Chaque page ici nous le confirme, tant se marient intimement, dans l’invention verbale la plus maîtrisée, la démesure de «Nine » et celle de l’histoire de son peuple, ou encore les états d’âme méandreux de son compagnon et les entrelacs de la géographie qu’il découvre.
Une telle empathie entre l’écriture et son objet nourrit le charme entêtant de cette « symphonie-western ».