Clarinette solo
« La panthère baisse les yeux, et commence à faire les cent pas le long des barreaux de la cage. Ce fauve majestueux enfermé, Lila aimerait l’aider. Alors tout doucement, elle pose son étui par terre, regarde autour d’elle, l’ouvre et sort sa clarinette. Elle prend une grande respiration. Humidifie le bec de son instrument et ferme les yeux. Sa gorge se desserre, son souffle est fluide et puissant. Dans la cage, aussitôt, la panthère arrête net ses allers-retours. Figée. Peu à peu son corps se décrispe. Bientôt, Lila joue pour la panthère. »
Lola aime la musique et joue de la clarinette. Depuis que ses parents se sont séparés, rien n’est plus comme avant : elle se sent oppressée, prisonnière de son chagrin. Sa gorge est nouée de tristesse. Elle se réfugie dans la musique. Un mercredi de mai, munie de sa clarinette, elle part pique-niquer au jardin des Plantes avec son petit frère et sa baby-sitter. Au zoo, un animal la fascine, un animal qu’elle sent triste et en colère, exactement comme elle : c’est la panthère noire, la majestueuse panthère de Chine. Alors, subitement, l’enfant joue pour la panthère qui bientôt la regarde et l’écoute. Ensemble, elles forment un étrange duo. Tandis que remontent les souvenirs dans la mémoire de l’enfant, un attroupement se forme devant la cage…