Pierre Bergounioux
La littérature est le principal vecteur par quoi les hommes prennent conscience de ce qu'est le monde. Elle est un moyen de connaître, et aussi de se connaître.
Elle libère l'individu, l'aide à se construire, elle est « révélation et délivrance ».
Pour Pierre Bergounioux, auteur d'une oeuvre singulière et forte, le choix d'écrire répond au besoin de « comprendre ce qui s'est passé ».
Il s'est voulu le témoin de la fin de la société rurale traditionnelle, laquelle, lentement structurée depuis le néolithique, aura pris fin sous nos yeux, en une ou deux décennies à peine, au tournant des années 60.
La génération promise aux aventures abstraites des existences urbaines, ce fut la sienne. Il aura dit la surprise, l'enthousiasme, bientôt la peine que ce fut.
L'obstination à vouloir que « les lieux sans espoir » de l'enfance sortent du silence, que les sans voix ne demeurent pas dans l'oubli, la conviction que « toute vie, quelle qu'elle soit, est en principe susceptible de recevoir un sens approché, explicite, dans l'écrit », tels sont quelques-uns des traits essentiels qui donnent à l'oeuvre de Pierre Bergounioux son unité.
Des plus minces événements de la vie quotidienne au souffle de la grande Histoire, des strates profondes du passé au « vent fugitif du présent », c'est fort d'une grande sensibilité alliée à une immense érudition que cet écrivain a su faire de sa prose splendide un confluent des temporalités.
Dans le même numéro d' Europe, deux cahiers sont consacrés respectivement à Jean-Paul Michel, poète contemporain proche de Pierre Bergounioux dont il fut le condisciple au lycée de Brive, et à Raphaële George, figure bouleversante, écrivaine et peintre morte à 34 ans et dont les éditions Unes publient en mai le Journal inédit.