2037 : Le grand bouleversement
« Quand prendra fin cette vision utopique d’un État purement juif, afin qu’Israël puisse devenir un État pour tous ses citoyens, juifs et non juifs ? » – Raja Shehadeh
« Les descendants de Najib Nassar, le premier Arabe à publier un livre dans sa langue sur les dangers du sionisme, avaient prévu de se réunir pour célébrer le 150e anniversaire de la naissance de leur aïeul. Leïla, qui rêvait depuis toujours de rassembler les Nassar, éparpillés aux quatre coins du monde après avoir été chassés de Palestine en 1948, leur avait donné rendez-vous au sommet du mont Arbel. Des hauteurs, ils pourraient assister aux deux événements tant attendus : la procession fantasmagorique célébrant le renouvellement de la vallée du Jourdain, et la grande course cycliste reliant la Syrie à Tibériade, organisée pour fêter la réunification de la Rift Valley. »
Avant sa fragmentation en diverses entités politiques, la région n’était qu’une, et ce durant les quatre siècles qu’a duré la domination ottomane. Et si la vallée du Jourdain retrouvait son unité originelle ? C’est ce qu’imagine dans 2037. Le grand bouleversement Raja Shehadeh, avocat palestinien et auteur de Naguère en Palestine, pour lequel il obtint le prix Orwell 2008. Né en 1951 et vivant en Cisjordanie, il ne peut écrire qu’à l’aune de sa propre expérience : celle d’une Nakba qui perdure depuis qu’Israël occupe la rive ouest du Jourdain.
Alors qu’Israël refuse de mettre fin à la colonisation, que les Palestiniens s’enfoncent dans un nouveau cycle de violences, et que, dans le même temps, la démocratisation semble désormais possible en Égypte, Raja Shehadeh nous invite à imaginer, tout en prenant le recul nécessaire, un territoire où auraient disparu les frontières politiques, et tente ainsi de libérer sa conscience colonisée.