Un temps insurrectionnel pas comme les autres
Qu'en reste-t-il des Printemps arabes de 2011 ? Un échec général des révolutions arabes et le relatif succès d'un seul pays, la Tunisie. pourquoi le Tunisie ? Pour répondre à cette interrogation, après avoir remis en perspective historique la question d'une "exception autoritaire arabe", un comparaison s'impose des trajectoires des insurrections tunisienne et arabes. Dans les Printemps arabes, le temps insurrectionnel tunisien occupe une place à part : il les précéda tous et servit aux autres peuples de moteur et de modèle. Il fut particulièrement complexe dans son déroulement et son issue, la chute du président Ben Ali, résulta d'une exceptionnelle, voire aléatoire, combinatoire de facteurs qui est ici reconstituée. Aux portes d'une Libye chaotique et au terme de quatre années de combats et débats souvent durs, la Tunisie est entrée dans une phase post-révolutionnaire et bénéficie depuis et jusqu'ici d'un régime démocratique d'une "solide fragilité". S'agissant des autres pays du front des Printemps arabes, voire de l'ensemble du monde arabe, qui peut sérieusement dire, au regard d'un retour dans ces régions du séculaire "Grand Jeu" international, que les apparents échecs et impasses actuelles sont imputables à un déficit démocratique des peuples arabes, qui peut assurer que, là où elles semblent en panne actuellement, la page des révolutions lancées en 2011 est définitivement tournée ? Les "temps insurrectionnels" tunisien et arabes sont à coup sûr porteurs pour aujourd'hui de réflexions et d'enseignement particulièrement fort.