Lafcadio Hearn et les Etats-Unis
Considéré comme l’un des plus grands écrivains de la seconde moitié du xixe siècle, Lafcadio Hearn a vécu dix-neuf ans aux États-Unis, dont sept ans à Cincinnati, jusqu’en 1878, et près de dix ans à la Nouvelle-Orléans, jusqu’en 1888.
À Cincinnati et à la Nouvelle-Orléans, Hearn exerça le métier de journaliste. Il écrivit sur les sujets les plus variés : danses et chants noirs, abattoirs, crimes, vaudou, coutumes créoles, communautés espagnoles et philippines, etc. avec un sens du détail, une verve, une alacrité et parfois un humour singulier. Il défia les conventions, les préjugés et la pudibonderie de son époque victorienne.
Ses textes sur Cincinnati et la Nouvelle-Orléans constituent un témoignage unique, à caractère ethnographique, sur tout un pan jusque-là méconnu de la société américaine des années 1870 et 1880. Ses articles, ceux, en particulier, sur la vie misérable des dockers afro-américains de l’Ohio, sur les chants et les danses noires de Cincinnati et de la Nouvelle-Orléans, avant l’avènement du jazz, ou sur le vaudou louisianais dont, à l’époque, on ne pouvait réaliser ni enregistrements ni photographies, ont aujourd’hui valeur de documents exceptionnels. Observateur minutieux et audacieux, il n’hésita pas, bien souvent, à s’aventurer là où peu d’autres en auraient eu le courage ou auraient songé à le faire.
Les textes présentés ici, rédigés pour des journaux à Cincinnati et à la Nouvelle-Orléans, constituent un échantillon représentatif de son talent de journaliste et de prosateur, de son ouverture d’esprit et de la grande diversité de ses intérêts.