Claude Guéant, un préfet en eaux troubles
Il faut sauver le soldat Guéant. Telle est, en cet automne 2015, la première préoccupation de tous ceux qui, dans l'entourage proche de l'ancien président Nicolas Sarkozy, ont des connexions dans la magistrature.
Quatre gardes à vue et autant de mises en examen, voilà qui soumet à rude épreuve ce préfet « exemplaire », demeuré bras droit de Nicolas Sarkozy pendant une décennie, et ancien ministre de l'Intérieur, aujourd'hui réduit au triste état de fusible.
Contrairement à son ancien patron, Claude Guéant, parfois surnommé le « vice-président » lorsqu'il était secrétaire général de l'Élysée, ne jouit d'aucune immunité. Au deuxième tour des élections législatives de juin 2012, 118 électeurs lui font perdre le siège de député des Hauts-de-Seine qu'il briguait à Boulogne. Quelque mois plus tard, dépourvu d'immunité parlementaire, son domicile et ses bureaux sont perquisitionnés. Guéant, inconscient d'être redevenu un citoyen ordinaire, n'a pas pris la précaution de mettre à l'abri de la curiosité de ses anciens subordonnés factures et relevés bancaires...
Comment ce grand commis de l'État, exemple de méritocratie républicaine, énarque issu d'un milieu familial modeste et ayant accompli un cursus préfectoral impeccable s'est-il trouvé mis en cause dans plusieurs graves affaires politico-financières ? Son image lisse de « super-préfet » masquerait-elle une incarnation de l'état profond à la française ? Au détour d'une biographie, Francis Christophe cherche à apporter des réponses à ces interrogations.