Coupures - Reprises

Beatrix von Conta photographie des paysages et les traces humaines que, même vides, ils révèlent. Elle observe avec un cadrage rigoureux, « objectif », les multiples indices d'une présence, parfois diffuse, avec un léger décalage qui renforce le sentiment d'inquiétude. Dans le cadre d'une résidence à Beauvais (Oise) elle travaille tout autour de la ville à la recherche de passages, d'espaces en attente, comme suspendus. Elle en vient à approcher la notion de seuil, de périphérie, de franchissement, à travers des éléments marqueurs d'un paysage entièrement construit mais en proie à de multiples altérations. Ce sont des images de bouts de ville, de routes sans horizons, de barrières, virages, talus, murs, portails, squares, usines, lotissements, panneaux indicateurs, cimetières. Elle pose son regard sans complaisance sur les fractures du réel. Ce sont des images qui sont comme venues à elle, et qui offrent des portions de ville telles qu'elles lui sont apparues . Aux abords et au-dedans d'une ville. En contrepoint de ces compositions à partir de presque rien (mais la révélation par l'image leur donne un cadre et des arguments artistiques de grande qualité), une série de portraits réalisés dans un décor unique (où domine la brique) et une lumière singulière vient à intervalles réguliers ponctuer cette suite paysagère. Mages ou anges, ces personnes semblent porter en eux et autour d'eux une part d'histoire des lieux à demi dite à demi tue. « Histoire » des lieux que l'écrivain Jean-Pierre Nouhaud prend à sa charge à travers une série de courts textes qui sont autant de propositions sur la ville, ses abords, ses coutures, ses reprises...