Néo-libéralisme version française : Histoire d'une idéologie politique
Depuis le milieu des années 1980, le « néo-libéralisme» passe pour avoir changé le monde. La seule évocation du terme fait surgir les figures de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan, accompagnées d’un cortège de politiques publiques et de slogans : privatisation, déréglementation, extension de la « concurrence libre et non faussée » à tous les domaines. Pourtant, le néo-libéralisme ne vient pas tout droit de Grande-Bretagne ou des États-Unis. Il n’est pas sorti armé de toutes pièces de la globalisation financière. Son histoire s’enracine, en France, dans le bouillonnement intellectuel et politique de l’entre deux-guerres. Des économistes, des patrons et des hauts fonctionnaires jettent alors les bases d’un libéralisme nouveau qui se veut une troisième voie entre un « laissez faire» jugé moribond et une planification économique supposée faire le lit du socialisme. Ils ont imaginé un art de gouverner plutôt qu’une utopie. L’État néo-libéral devra développer une politique active de l’économie destinée à préserver la concurrence et, simultanément, freiner la tendance « naturelle » de l’État à étendre son contrôle sur la sphère productive.
Ce livre est le premier à proposer une généalogie sociohistorique du néo-libéralisme français en s’appuyant sur des documents d’archives inédits. Il ne retrace pas seulement l’histoire des ramifications françaises d’un mouvement international. En suivant le cheminement du néo-libéralisme des années 1930 aux années 1980, il met en évidence un ensemble de transformations qui affectent l’État, les concepts économiques et les modes d’action publique. Cet essai permet de comprendre comment le néo-libéralisme s’est progressivement métamorphosé en une solution politique.