Montesquieu, les lois et les moeurs
En définissant dès le début de L'Esprit des lois, les lois comme des rapports nécessaires, Montesquieu entend qu'aucune loi, quelle qu'elle soit, n'est réductible à la simple volonté d'un être, qu'il soit divin ou humain. Si les lois positives sont bien le fait de la volonté d un législateur, elles ne sont pas pour autant l'expression de son arbitraire. Elles se rapportent à l'ensemble des facteurs qui forment ce que Montesquieu appelle au livre XIX « l'esprit général » d'une nation : elles sont relatives à la nature et au principe du gouvernement établi, au « physique » du pays, à son économie, à la religion des habitants, et finalement à leurs murs. Ainsi, avoir l'intelligence de l'ensemble des rapports qui expliquent la singularité d'un peuple, c'est précisément s'élever à « l'esprit des lois ».