Kurt Cobain : Au soleil je suis marié
"Cobain, ce petit ange maudit, la première fois que j'ai entendu sa voix déchirée, elle sortait de la chambre de mon fils. Il y a maintenant longtemps. Cela jurait tellement dans le panorama du rock des 90' : anachronique. En ce temps-là, tout était domestiqué, policé, astiqué, ripoliné, aseptisé. Et de là, il sortait une voix assez crade (je veux dire pleine de scories), éraillée, comme un truc qui tremblait, qui ballottait au-dessus d'un gouffre d'accords obsédants. Cet exotisme et cette fragilité, ce truc qui ressemblait à rien d'autre dans un océan de plagiat et de suivisme, c'était à peu près l'équivalent de "Moon in june" dans les 70' : ça faisait tâche et date. [...]
Les stars sont la version moderne du polythéisme, soit. C'est dire qu'elles doivent incarner - truismes - l'inaltérable jeunesse, la beauté radieuse, l'invulnérabilité, l'immortalité,... en un mot, le supra-humain. Cobain, c'est le soleil, Phoenix, la victoire sur la mort, Appolon-messager, Hammon. Sa parousie, c'est la musique, son linceul, son tombeau, la mémoire des fervents. Requiescat in pace.