L'abeille et l'économiste
Pour nombre de nos contemporains, la finance est devenue scandaleuse, voire délictueuse. Dans le dictionnaire des idées reçues de notre temps, elle est immanquablement opposée à l’économie dite « réelle », industrielle ou commerçante.
Yann Moulier Boutang prend le contre-pied de cette vue de l’esprit : sans finance, pas d’économie, avance-t-il ; en revanche, la finance ne mène pas forcément au chaos. Voyons la crise sous un autre angle que la doxa des économistes à la mode: la crise n’est pas économique, c’est une crise de l’économie; ce n’est pas une crise de la finance mais une crise de la croissance. L’accumulation de profits s’approche du moment où elle n’a désormais plus de sens ni de légitimité.
La crise actuelle n’est donc pas « que » financière, elle est aussi économique, sociale et environnementale, marquant une rupture et une bifurcation par rapport au modèle capitaliste, puis fordiste, qui a conquis la planète à partir du XIVe siècle. C’est dans cette révolution en cours que nous entraîne le présent ouvrage, tout à la fois une petite histoire de la finance, une analyse de la crise contemporaine et une tentative de prospective.
Nous sommes en train de passer d’une économie de l’échange et de la production à une économie de pollinisation et de contribution. Concrètement, nous continueront à produire des biens de consommation mais nous sommes aujourd’hui dans l’ère de l’informatique, du savoir, de la science, de la communication, du service.
D’où ce titre : L’Abeille et l’économiste. Les abeilles font bien plus que de produire du miel, leur utilité va bien au-delà d’un rapport purement marchand puisqu’elles pollinisent, c’est-à-dire qu’elles diffusent, gratuitement, la vie. Cette métaphore écologique aide Yann Moulier Boutang à explorer les pistes de refondation d’une économie dont le modèle dominant est largement discrédité et moribond.
L’Abeille et l’économiste nous ouvre les voies d’une autre explication de la crise et offre des propositions pour aborder ces changements, notamment un impôt unique qui taxerait toutes les transactions bancaires, des flux financiers aux retraits des distributeurs et un revenu minimum cumulable avec son travail.