Mes histoires parallèles : Entretiens avec Isabelle Veyrat-Masson
Intellectuel et homme engagé, acteur et observateur, Marc Ferro n’a cessé de rencontrer ce siècle brutal que fut le xxe. Son parcours d’historien a croisé son parcours d’homme, ou l’inverse. Résistant dans le Vercors, enseignant en Algérie dans les années 1950 et proche des mouvements de libération, il fait sa thèse sur la Révolution russe. Choisi par Fernand Braudel pour diriger la revue de l’école des Annales, revue phare d’une époque brillante où il s’agit d’explorer d’autres manières de faire l’histoire, il côtoie Jacques Le Goff, Emmanuel Le Roy Ladurie ou François Furet. L’interdisciplinarité règne et les débats mélangeant politique, histoire et mémoire foisonnent. Le Parti communiste est alors très puissant. Marc Ferro est un inventeur, il ne cesse d’aborder de nouveaux rivages : après la Russie, les décolonisations, les deux guerres mondiales, Pétain, la communication en temps de guerre, le monde arabe et l’islam ; sa curiosité est inépuisable. Mais c’est l’image qui va le fasciner et lui apporter la reconnaissance des siens et au-delà. Il créé une discipline : « Cinéma et Histoire », anime les Histoires parallèles sur la Sept puis Arte (de 1989 à 2001), série d’émissions devenue culte dans lesquelles il dévoile et commente des archives filmées de la Seconde Guerre mondiale, touchant ainsi un très large public.
Marc Ferro livre ici son cheminement personnel et intellectuel, raconte des anecdotes sur cette époque où l’intellectuel dominait le débat public, ce siècle qu’il a traversé - il est né en 1924 - passionnant et tourmenté, où il déambule à la façon d’un Fabrice à Waterloo, entre naïveté et empathie.