Retours en Algérie
« Printemps 2012. Jean-Claude Guillebaud, éditeur, essayiste et journaliste, m’offre un grand témoignage d’amitié en me proposant de l’accompagner en Algérie avec un groupe de lecteurs de l’hebdomadaire français La Vie (ex-La Vie catholique). Le déplacement est prévu pour le mois de septembre de la même année. D’habitude, c’est Catherine Guillebaud, son épouse, elle-même éditrice, qui voyage avec lui, mais, cette fois, la rentrée littéraire l’obligera à rester à Paris pour soutenir ses auteurs. J’accepte l’invitation sans hésiter : c’est une chance que je ne peux laisser passer. Jean-Claude est né, lui aussi, à Alger. L’Algérie est un sujet fréquent de discussion entre nous. C’est grâce à lui que j’ai pu achever le livre qui m’a permis de tourner (du moins, en partie) la page de mon départ. Journaliste de profession, j’ai dû, à l’époque, quitter d’urgence le pays devant la multiplication des attentats et des menaces de mort contre la presse.
Ce déplacement va nous permettre de poursuivre nos échanges in situ, dans un contexte doublement particulier. D’abord, parce que l’Algérie fête en 2012 le cinquantième anniversaire de son indépendance, ce qui ouvre la voie à nombre de bilans et de rétrospectives plus ou moins critiques. Ensuite, parce qu’il s’agit du voyage d’une centaine de personnes ayant, pour la plupart, leur propre histoire algérienne. Parmi elles, il y aura d’anciens appelés du contingent français pendant la guerre d’indépendance, des pieds-noirs ou des enfants de rapatriés, ainsi que d’anciens coopérants français ayant vécu dans le pays aux premiers temps de l’indépendance. Pour leur grande majorité, ce sont des hommes et des femmes de confession chrétienne, pratiquants et donc attentifs au sort et à l’avenir de l’Église catholique d’Algérie, cette institution héritière de l’Église d’Afrique dont la présence dans ce pays remonte aux premiers temps de la chrétienté, même si elle est aujourd’hui minoritaire dans une terre musulmane. Toutes et tous sont venus pour des retrouvailles longtemps attendues, trop souvent reportées ou contrariées par la faute des querelles et malentendus franco-algériens, mais aussi des fantômes d’un passé encore douloureux. »
C’est ce périple intime et conflictuel, entre Tlemcen, Oran et l’Algérois (Cherchell, Tipasa, Tibhirine, Alger…), que raconte Akram Belkaïd, au cœur de l’Algérie d’aujourd’hui : jeune, déglinguée, corrompue, attachante.