Cahier de la RAL,M nº 6 - Seulement
Illustrations en couleur - L'écrivain lance, élucide ou apaise des énigmes. Il est dans une situation spéciale, il est en cas et position de danger. De plain-pied, il est corps d'ange créateur et ne le sait pas. L'écrivain est en danger d'ange. L'écrivain est le plus beau danger de l'ange, celui qui le mettra en situation de parler. L'état d'ange créateur ( ou de Muse ) n'est pas un état normal; il correspond à une sensation d'impondérabilité, de chute libre et continue. Son écriture ( état de transe ) descend du Ciel des symboles sur l'océan blanc et neutre de la feuille et n'est pas toujours la transcription ou la réinterprétation dune histoire réelle qu'il a emmitouflée dans sa tête, mais bien un modèle à rebours, d'angélisation, de cielisation, de communication sourde-muette, en braille, à fleur de peau, d'oeil et d'oreille, sans réserve et peur des civilisations (). La dernière étape, hors transe, la plus importante peut-être, est la descente, l'atterrissage et la prise de connaissance, qui reste à venir (...). «On ne naît pas auteur, on le devient à force décrire.» affirme Nicole Biagioli-Bilous, professeur de langue et littérature françaises à l'UFM de Nice. Je dirais, pour mieux mettre en évidence le don de l'écrit : nous naissons ange ou muse avant de perdre nos ailes et notre transe au fur et à mesure qu'on nous raconte pour qu'on apprenne à parler mais on le redevient invisiblement / mystérieusement à force décrire. En écrivant, nous rajeunissons, nous (r)angenissons, nous retrouvons le bonheur d'exister dans la seconde. (Rodica Draghincescu)