Émilie Guermynthe
Madame Guermynthe ne revenait pas. Dans le parc, les arbres décharnés regardaient Emilie avec des airs de suppliciés. Sur tout l'espace environnant, l'eau paraissait avoir déserté l'air. Aimable Paul travaillait sans relâche. Il malmenait chaque parcelle du terrain et la maison (qui n'avait pas de fondations) dérivait doucement sur la terre poudreuse. Si la gouvernante s'affairait encore à des occupations régulières, cherchant à restaurer l'autorité perdue, elle désespérait tout à fait de sa situation à présent. Les deux fils restaient immobiles tout le jour, l'oeil rivé au carreau de la fenêtre, à regarder le pénible travail d'Aimable, l'assèchement du parc par asphyxie du lac. Plus personne n'ennuyait Emilie à présent. Seulement, la nuit, elle allait retrouver l'ouvrier qui la sillonnait de son membre fin et dentelé pour ravir à sa peau les reflets d'eau qu'il ne supportait plus de voir se former sur son corps.