A VOIX PRESQUE NUE précédé de UN CRI DANS LA NUIT
«Un cri à égorger l'aube retentit dans la nuit glacée. Max se tint coi, l' il rivé sur le silence désordonné qui s'en était suivi. La nuit frémissait, toute respiration dehors, peuplée d'êtres invisibles qui furetaient dans les décombres. Il venait d'écrire de fort belles pages. Il était content, fatigué, exalté, et tremblant comme la lumière vacillante de sa lampe de fortune, une lampe à pétrole rafistolée à la hâte, quand il s'était agi d'avoir de la lumière pour écrire depuis les restrictions intervenues quelques jours après les premiers bombardements. La terre tremblait régulièrement la nuit, il entendait le sifflement des bombes, l'impact sourd, lointain, mais puissant au point de faire trembler la maison, ce modeste pavillon entouré d'un jardinet hérité de ses parents. Il y avait trouvé refuge dès les premiers jours du conflit. On ne l'avait pas mobilisé. Une tuberculose insidieuse le tenait à distance. On n'avait pas voulu de lui. [ ... ]» La question du vivre ensemble, la question de la communauté, la question éthique ont une importance cruciale pour moi. Ces questions sont toutes portées par la question de l écriture : que veut dire produire du sens et comment le rendre sensible ? Entre mathème et poème, il y a place, je crois, et c est toute l'ambition de mes essais, pour une pensée rigoureuse et aventureuse à la fois qui ne se referme jamais sur des réponses définitives. L'amour de la vérité et la vérité de l'amour, portés par la liberté : voilà qui pourrait être le centre de mon questionnement. - Jean-Michel Guyot -