Sève d'amantes

Il y a mille et une voies possibles, mille et une fenêtres ou couloirs pour entrer dans un texte. Cela vaut d'autant plus pour les textes poétiques. Ceci étant dit, présenter un texte n'est-ce pas oser proposer par avance une voie parmi d'autres? Pourquoi donc essayer d'orienter la lecture si chacun, se penchant sur tel ou tel texte, ne fait pas autre chose que d'interroger sa propre image dans un jeu de miroirs proposé par un (autre) alter ego? On ne lit jamais un auteur. On se lit toujours soi-même en faisant siennes les paroles dont avait, depuis déjà longtemps, entendu l'écho en soi. [...] Il est de ces textes insaisissables non pas parce qu'ils sont hermétiques et/ou opaques par la forme et/ou le fond, mais parce justement ils sont comme des palais (Sans Souci) aux 365 portes. Sans prétention ni manque d'humilité, Sève d'amantes en fait partie. C'est effectivement un chant trompe-l' il. Ce qu'il donne à lire n'est pas du tout ce qu'il donne à lire. La femme, «nue, arquée et ouverte sans décence» n'est que pré-texte et alibi pour pouvoir y déployer autre chose que de l'érotisme. En somme, Sève d'amantes se lit comme un parti pris pour «Érotiser l'existence et changer la vie». Le couple nu, pour ainsi dire l'homme et la femme, préfigure l'énergie nécessaire pour parvenir à faire émerger quelque chose de neuf. Antoine-Hubert Louis.