D'une rive à l'autre

Maintenant je suis revenu. Un peu plus lourd. Un peu plus creusé. C'est que j'ai longtemps marché. Plus assez de force pour continuer. Alors, j'ai rebroussé chemin et m'en suis venu au gré de mes sentiers capricieux. La belle veine : figurez-vous qu'on m'offrit des déserts à irriguer. Or à cause de toutes ces routes défoncées et de toutes ces poussières charriées tout du long, ma vue s'est d'un coup brouillée. Tant mieux ! Je n'aime guère les faux certificats de garantie. Il y eut à la place comme un horizon qui n'en finissait pas de fuir vers quelque raidillon, qui tournoyait à m'en faire tomber à la renverse. C est bien d'avoir une ligne de fuite. Mais moi je voulais la fuite elle-même. Nacer Khelouz