L'odeur des néons
L'interrogatoire est minutieux, méticuleux. Il draine une énergie invraisemblable. À des moments, le meurtrier ne s'entend plus répondre. Il prononce des mots réflexes aux questions des policiers qui ne comprennent pas grand-chose à ses réponses. Il ne sait pas combien de jours il a déjà passé dans cet hôtel mais, dit-il, il y a eu « plusieurs nuits par jour » et il essaie peut-être d'expliquer ces nuits multiples à son auditoire mais les deux hommes de loi ne comprennent rien à rien et agitent les bras régulièrement, quand ils entendent des paroles aberrantes et suspectes. Le meurtrier s'égare dans le détail des nuits liquides, sinon des pluies de nuit, de ces autres qu'on dit pulvérines, qui peuvent causer des asphyxies momentanées et des décharges d'hallucinations, sans même parler des nuits acides, corrosives pour la peau. « Est-ce là la raison de cette altération constante mais irrégulière de votre visage ? »