Une silhouette de poule
Après avoir fait l'expérience de la poésie et de l'imaginaire, Hugues Eta nous offre « Une silhouette de poule », son premier roman, un livre muni d'une écriture poétiquement réaliste, saga émouvante d'une famille africaine avec les bonheurs, les malheurs, les débuts et les fins tragiques de plusieurs générations. Phrases courtes et percutantes dévoilent avec poésie et humour, intelligence et sensibilité, les méandres d'une famille africaine, grâce à Tsagnelet, le jeune protagoniste du roman : « La famille africaine c'est une source qui devient rapidement une rivière, un fleuve puis un océan.C'est précisément le père et la mère au commencement. Puis le père et la mère du père. Ensuite le père et la mère de la mère, leurs frères et soeurs, cousins et cousines. Les oncles et les tantes des deux côtés occupent une place de choix sans omettre leurs épouses et époux, leurs enfants et les enfants de ces enfants-là. Ainsi, disséminés dans les grandes villes, les progénitures sont souvent exposées aux rapports incestueux. Voilà pourquoi certaines personnes portent leur ethnie au cou pour se prévenir des coups de foudre des membres de la famille. » Hugues Eta fait preuve dans ce roman d'un grand talent littéraire. Il dit tout ce qu'il faut dire sur les puissants et les faibles, sur la misère et la richesse de la société africaine, sur le déséquilibre des forces et des moyens.
Un roman en quelque sorte « zolien », un écrit rigoureux, socialement moderne, dynamique, poétique et réaliste à la fois, qui nous rappelle la fraîcheur qualitative de « Batouala » de René Maran, écrivain français d'origine guyanaise, Prix Goncourt, 1921. Les trames narratives de « Une silhouette de poule » sont truffées de mille voix( es ) réelles et imaginaires, à travers lesquelles l Afrique se mire magiquement dans ses coutumes, indépendances, limites et frontières. Rodica Draghincescu, écrivaine francophone, essayiste, poète et romancière.