Alejandra Pizarnik et Andre Pieyre de Mandiargues
La petite centaine de lettres et cartes (quelques poèmes, dessins et photos) d'Alejandra Pizarnik et d'André Pieyre de Mandiargues forment un volume qui regorge de vie et de poésie, de sourires timides et de rires complices. A.P. et A.P. s'entendent terriblement bien, s'aiment et s'admirent, se lisent et se traduisent, c'est une relation d'une reciprocité étonnante, littéraire et intime. Alejandra Pizarnik et André Pieyre de Mandiargues se sont rencontrés à Paris au début des années 1960. Malgré la différence d'âge - Pizarnik n'a même pas vingt cinq ans, alors que Mandiargues frise la cinquantaine - l'affinité esthétique est indéniable. Les premiers échanges témoignent déjà d'un respect mutuel, mais restent plutôt timides: le français de Pizarnik est hésitant, et ils se vouvoient encore lorsqu'elle rentre à Buenos Aires en janvier 1964. Le passage au tutoiement scelle une amitié née et nourrie d'un dialogue littéraire qui se transforme progressivement en véritable complicité intellectuelle. Mandiargues est attiré par la fraîcheur espiègle de sa nouvelle amie, mais aussi par la "Buenos Ayres" exotique que lui raconte la jeune poète; Pizarnik est à son tour impressionnée par la notoriété de son correspondant, et n'hésite pas à dévoiler sa pensée, ses critiques et à mettre en avant ses relations avec le monde littéraire argentin. La lecture de cette correspondance croisée permet au lecteur et amateur de ces deux grands écrivains de retracer les différentes étapes de leur amitié au rythme de laquelle l'un et l'autre orchestrent leurs figures publiques, montrent les coulisses de leur production littéraire, mais aussi de mieux comprendre les rapports littéraires entre l'Amérique latine et la France des années soixante. Document exceptionnel, nous le restituons tel qu'en lui-même c'est-à-dire sans corriger le français de Pizarnik, ni l'alourdir de "sic", on y reconnaît sa voix dans toute sa force poignante et drôle.