Écrits sur la musique
Émile Zola n’est guère réputé pour sa mélomanie et ne s’est d’ailleurs pas privé d’ironiser lui-même sur sa supposée ignorance en matière musicale. Indéniablement, sa plume fut souvent virulente à l’encontre de la musique en vogue. L’opérette à la manière d’Offenbach, genre alors très couru, en fut la victime régulière. Rejetée pour sa superficialité et son goût des refrains aux paroles ineptes, "l’opérette, écrit Zola, est une ennemie publique qu’il faut étrangler derrière le trou du souffleur, comme une bête malfaisante". En portant un regard sévère sur la musique, l’auteur de Germinal s’en prenait indirectement à une certaine forme de romantisme frelaté, faite d’idéalisme souffreteux et de mièvrerie. Pour autant, et quelles que soient ses visées stratégiques, touchant la musique, le jugement du naturaliste semble sans appel…
Néanmoins, tout n’est pas si simple. Selon Paul Alexis, la musique fut l’une des premières passions de Zola. Il fut notamment un fervent partisan de Wagner, à une époque où peu de Français appréciaient et défendaient l’auteur de Tannhäuser. Ses nombreux articles critiques comportaient maintes références à des compositeurs et à des oeuvres musicales. Une étude minutieuse de ses chroniques révèle également que l’écrivain s’est aussi intéressé à la danse, à la chanson et même… à la féerie. Il convient donc de corriger l’image d’un Zola réfractaire à la musique, Zola qui déclarait d’ailleurs: "Mes oeuvres sont bâties comme des grandes symphonies musicales."
Véritable somme thématique, ce livre comporte une sélection de plus d’une centaine d’articles, souvent inédits, ordonnés chronologiquement, et qui restituent les goûts et les jugements de l’écrivain, dans leur permanence aussi bien que dans leur évolution.