Correspondance, tome 3
C'est une surprise de taille que Remy de Gourmont nous réserve avec ce volume complémentaire paraissant l'année du centenaire de sa mort : cent vingt lettres inédites et capitales qui s'intercalent parmi les mille deux cents autres déjà publiées dans les deux précédents volumes. Dans celui-ci, Remy de Gourmont apparaît sous un éclairage neuf, et dans un prisme où l'amitié irradie de toutes parts : Octave Mirbeau, Alfred Jarry, Adolphe van Bever, Ruben Dario, Guillaume Apollinaire, Vittorio Pica, Octave Uzanne.
Si Remy de Gourmont (1858-1915) fut de son vivant la « conscience critique de sa génération », le phare vers lequel se tournait toute une phalange d'auteurs, la postérité semble l'avoir quelque peu cantonné à un second plan. Les volumes de sa Correspondance le replacent résolument au centre de la vie littéraire et intellectuelle au tournant du siècle. Son infl uence intellectuelle allant de pair avec sa présence dans les revues. Il est le pilier du Mercure de France, le fondateur avec Alfred Jarry de L'Ymagier, le créateur d'une revue emblématique du syncrétisme qui lui est cher, mêlant littérature et sciences : La Revue des idées. Gourmont est également un collaborateur actif à de nombreuses revues tant en France qu'à l'étranger, ce qui conforte son infl uence en Belgique, en Angleterre, aux États-Unis, en Amérique latine.
Lire, ou relire, les oeuvres de Gourmont aujourd'hui revient à descendre du train en marche.
Du train des certitudes et des idées préconçues. Du train de la pensée unique. Par sa méthode de « dissociation des idées », Gourmont le « philosophe dansant » met en pratique une méthode toute proche de la maïeutique socratique qu'il exprime au travers de ses « épilogues » et « dialogues des amateurs ».
Ce volume complémentaire de sa correspondance contribue à renforcer la connaissance de l'homme, de sa vie et de son oeuvre en apportant un regard supplémentaire sur l'importance de son infl uence.