L'homme qui coupait des arbres
Au début, quelques notes éparses, juste pour ne pas oublier. Puis, au fil des heures passées à son chevet ou au téléphone, la trame d'un récit qui ne peut être écrit qu'à la première personne. Rien de plus commun, rien de plus singulier.
Ernest aimait les arbres comme les paysans aiment leurs bêtes, il les connaissait, il savait en désigner de loin l'espèce, en évaluer la taille, le cubage, jusqu'au prix. Il avait un côté bateleur. « Un drôle », disaient certains de ceux qui le côtoyaient dans son Limousin natal.
Un père lointain désormais. Comme quand j'étais petit, quand il se levait tôt et rentrait très tard, bruyant et affairé. Il n'est plus là pour ralentir la progression des nuages, pour disputer à la météo le privilège d'annoncer le retour du beau temps.