Sartre et l'extrême gauche française : Cinquante ans de relations tumultueuses
Cinquante ans de relations tumultueuses. Tous ceux qui s’intéressent à Sartre connaissent sa liaison dangereuse avec le Parti communiste français dans les années 1950. Elle lui a été – elle continue à lui être – reprochée, mais elle est loin de résumer les rapports entre Sartre et l’extrême gauche française, des années 1930 jusqu’à sa mort en 1980. Ce livre est comme une fresque où apparaissent des personnages fascinants, certains célèbres et d’autres moins : avant et pendant la guerre, Colette Audry, Paul Nizan, David Rousset, Maurice Nadeau, Maurice Merleau-Ponty, avec lequel Sartre fonde en 1945 Les Temps modernes. Birchall retrace ensuite les violentes altercations de Sartre avec les intellectuels du Parti communiste, Roger Garaudy et Jean Kanapa, après un article des Temps modernes sur les camps en URSS.
Mais pendant quatre ans, de 1952 à 1956, Sartre va rompre avec sa position strictement non alignée – rejetant à la fois le stalinisme et la socialdémocratie,Washington et Moscou – et se rapprocher du Parti dans une série d’articles des Temps modernes : « Les communistes et la paix ». Pour le comprendre, il faut se replacer dans le contexte de la guerre froide à sa pire période, où les dirigeants communistes français étaient emprisonnés, les journaux saisis, les manifestations brutalement réprimées. Cette alliance prend fin avec l’intervention soviétique à Budapest en 1956, que Sartre condamne sans équivoque.
La suite est plus connue : la lutte pour l’indépendance algérienne – lors d’un meeting organisé par le Comité d’action des intellectuels contre la poursuite de la guerre en Afrique du Nord, Sartre prend la parole avec Daniel Guérin, Michel Leiris, Aimé Césaire...