Les ambassadeurs
Le romancier américain lui-même considérait ce grand roman, paru en 1903, donc appartenant à sa dernière période, comme son chef-d’oeuvre. Il l’écrit en 1909 dans la préface qu’il rédige pour l’édition dite de New York de ses oeuvres, et qui ne figurait pas dans la précédente édition française : "Par bonheur, je me trouve en mesure de considérer cet ouvrage comme franchement le meilleur, 'dans l’ensemble', de tous ceux que j’ai produits."
Et de fait, c’est un de ses romans les plus brillants, les plus séduisants aussi. L’intrigue en est simple, même si l’analyse de ce qui va se jouer entre les divers personnages est, comme toujours chez James, extrêmement subtile. Elle est déjà présente dans les passionnantes "Notes préparatoires", plus de 100 pages inédites en français que nous donnons en annexe à cette nouvelle traduction : "En tout cas, cela me donne la petite idée d’un personnage d’homme âgé qui n’a pas 'vécu', pas du tout, dans le sens des sensations, des passions, des élans, des plaisirs – et qui, en présence de quelque grand spectacle humain, quelque grande organisation pour l’Immédiat, l’Agréable, la curiosité, l’expérience, la perception, en un mot, la Jouissance, s’en rend, sur la fin ou vers la fin, tristement compte. "
Ce personnage, ce sera Lambert Strether, un Américain envoyé comme "ambassadeur" à Paris pour y récupérer Chad, le fils d’une riche amie, dont on craint qu’il soit en perdition morale. S’il parvient à ramener le jeune homme en Amérique pour qu’il se voue à l’entreprise qui lui est destinée, sa récompense sera d’épouser ladite amie qui, déjà, finance la revue littéraire qui est la seule identité de cet homme incapable d’action. Mais l’on comprend très vite, dès les premières pages du livre, que Strether va faire des rencontres susceptibles de modifier le sens de sa mission. Et qu’il ne sera lui-même pas insensible aux séductions du "grand spectacle humain" qu’est Paris merveilleusement évoqué ici par James.