Quatuor
Par le titre qu’il a choisi, Emmanuel Moses place d’emblée son poème dans la lignée la plus exigeante, qu’il s’agisse du genre musical qui a donné à la musique de chambre ses plus hauts chefs d’oeuvre ou des Four Quartets, le recueil du poète anglais T. S. Eliot qui, déjà, se référait à la musique et à sa capacité d’ « entretisser plusieurs thèmes qui, superficiellement, ne semblent pas liés ».
Et de fait, comme ceux de son illustre devancier, le Quatuor d’Emmanuel Moses est une sorte de méditation philosophique en quatre mouvements. Il y est question du hasard et de l’émerveillement de la rencontre, amoureuse ou non (premier mouvement) ; du temps, de notre incapacité à le saisir, et des attitudes possibles face à lui : la différence, la distinction d’où procèdent toutes les choses créées ou l’indifférence qui relève sans doute de la divinité (deuxième mouvement) ; de la mémoire et des souvenirs personnels ou historiques évoqués au fil des rues de Jérusalem ou de Paris qu’arpente le poète (troisième mouvement) ; de l’amour enfin, qui est comme un feu qui semble pouvoir suspendre le temps, et de sa proximité avec la mort (quatrième mouvement).